L’HOMME AU JOURNAL EN 3D !

  • 4 décembre 2021

La petite histoire de l’Homme au journal  devenu bronze

A mon père
À Christine
A mes enfants et petits-enfants
A Maud et Tiphaine
Aux amateurs d’art

 

Le personnage est confortablement installé à la terrasse de l’Ormeau, assis sur un fauteuil en osier, une  jambe croisée sur l’autre, la savate pendante au bout du pied, son pastis à portée de main, absorbé par la lecture du journal. Je le reconnais. Il « me parle » Il pourrait être mon père… Je m’attarde sur le sujet — mon sujet — à la saisissante posture. Il me semble presque dormir mais il est  bien vivant. Inutile de lui dire de garder la pose. Son bonheur, sinon sa gloire un peu pagnolesque, irradie autour de lui. Ce bonheur me semble imprenable. Le challenge : vous le faire partager. Le modèle bien évidemment m’ignore comme il ignore tout le monde. Mais j’ai senti passer à travers lui le courant de l’éternité…

Pour en faire une sculpture, j’ai voulu m’inspirer de sa version picturale. Ne pas lui faire de tête. J’avais l’idée de garder la psychologie du mystérieux bonhomme. Mais j’ai renoncé à la table et au pastis : le personnage me semble y gagner en force et si j’ose dire, sobriété. Son identité m’est apparue soudain plus universelle. Ce n’est même plus «La Provence» qu’il lit, mais toute la presse écrite. Sur certains exemplaires cependant, l’inscription apparaît. Elle a été gravée au burin après la fonte, dans l’atelier du fondeur, selon mon caprice. Certains d’entre vous en le découvrant ont parlé du style.  Je désirais garder le style spontané du dessin obtenu par un trait rapide au fusain.

Style. Expression. Origine. Il fallait donc que l’homme au journal version 3D garde son caractère mais qu’il s’invente un prolongement…sinon il n’y a pas d’intérêt à le plonger ainsi dans la troisième dimension.

 

Chaque technique artistique apporte, comme par magie, un souffle qui lui est propre. Mon inspiration m’incitait à utiliser une technique faite de plume plutôt que de plomb. Je n’ai pas employé la pierre. Ni le burin. Je voulais rester dans la légèreté.  Comme si l’idée devait surfer sur un nuage. Avec le secret espoir de transformer le nuage en bronze. Le trait est donc devenu coup de ciseaux ou de cutter, et transparence. Les découpes se sont envolées, ajoutées, soustraites, comme dans un ballet de danse. La découverte d’un espace vide entre le personnage et le journal  fut pour moi un véritable choc: un volume rempli de vide  flanqué comme un pieu au centre de la sculpture. Le prolongement souhaité était-il atteint ? Mon intuition me laissa deviner que je tenais une bonne piste. J’ai alors pensé au Ciel, aux invincibles étoiles . J’ai surtout senti ce ciel rempli de l’indescriptible imagination et du rêve. Les informations de presse et l’âme de l’homme voltigèrent alors dans cet espace sidéral consigné à l’intérieur de la sculpture,  entre les bras, le journal et le corps, fermé en haut par le chapeau. Ma pensée s’est invitée à vagabonder. Cet espace s’est avéré déterminant dans mon cheminement vers la représentation finale de l’Homme au journal en 3D. Même s’il y eut des contraintes physiques – pas du tout économiques – étant donné qu’il y a un creux, il y a en effet des parois intérieures ce qui double la quantité de bronze – au désespoir du fondeur, lequel dans sa longue carrière n’a jamais vu cela, mais qui a été immédiatement conquis.

Je voudrais dire encore un mot sur la magie qui accompagne toute création . Elle rend parfois les choses plus faciles, en ouvrant des voies inhabituelles. Où donc sa source se trouve-t-elle ? Se drape-t-elle dans l’aspect d’une personne, en l’occurrence pour moi,  vous la connaissez : CHRISTINE ( égérie, muse)  ou tout simplement dans le travail?  Elle se trouve , comme vous le pensez  sans doute,  dans  les deux.

Les choses en si peu de temps ont changé. Les téléphones portables, tablettes ou mini-ordinateurs font peu à peu disparaître le papier journal des terrasses comme les vapoteuses remplacent la vraie fumée du papier des cigarettes. Le monde évolue. Mais  je sais aujourd’hui pourquoi l’Homme au journal est né : pour nous rappeler une gestuelle salutaire pour notre santé – tourner les grandes pages de la presse écrite. Alors, remontons les épaules,  respirons les informations à pleins poumons !

 

Joyeuses fêtes à tous!

Gérard Isirdi

Commentaires

  1. Christine Blum

    Beau. Stylisé ainsi l’universalité du bonhomme heureux se poursuit. Bravo

    9 décembre 2021 Répondre
    1. Gérard ISIRDI

      Merci Christine de le trouver beau et stylisé.
      Vos mots me touchent vraiment. Ainsi ma démarche de faire une sculpture de l’Homme au journal se trouve renforcée. Et il y a une suite. Essayer d’atteindre l’universalité est le rêve de tout créateur. Je n’y échappe pas! Vous avez su en peu de mots cristalliser tout cela.
      Gérard

      11 décembre 2021 Répondre
  2. Isabelle

    C’est vraiment superbe. Pouvoir tourner autour de l’Homme au journal, pouvoir le toucher – à l’ère de la distanciation sociale et du tout virtuel- , c’est entrer dans une nouvelle dimension de ton œuvre « signature ». Bravo Gérard !

    Isabelle W

    9 décembre 2021 Répondre
    1. Gérard ISIRDI

      Merci Isabelle ton commentaire me fait vraiment plaisir.
      Toi, fidèle depuis le début à ma création, qu’il s’agisse de gouache, huile, dessin… encore les premiers, avec Dominique – à m’accorder ta confiance avec ce bronze! Heureux que le tout premier exemplaire trouve sa place parmi toutes les créations qui forment votre collection ! Bonnes fêtes !

      11 décembre 2021 Répondre
  3. Isabelle Desombre Labat

    Rrrrrrrrho! Non seulement il ravive de ses couleurs mes souvenirs de Provence mais en plus il donne vie à son « homme au journal « sur la terrasse de Gaby!!!! Gérard m’étonne toujours!!!
    Christine doit aussi en être épatée…moi aussi!
    Quels plaisirs à voir sinon à toucher, mais j’en suis si touchée…bonheur!
    Beau Noël et bel An nouveau en vous souhaitant d’autres touches de cette lumière que vous irradiez si bien tous les deux…
    Je vous embrasse

    9 décembre 2021 Répondre
    1. Gérard ISIRDI

      Isabelle, une des plus talentueuses sculptrices que je connaisse ! Je suis ravi de provoquer ton étonnement !
      J’ai plusieurs fois pensé à toi en aménageant la place pour exposer les bronzes de l’Homme au journal dans la galerie. Le souvenir de ta belle exposition dans ce même lieu est encore présent dans mon esprit.
      J’espère que nous pourrons recommencer un jour et pourquoi pas combiner tes œuvres avec les miennes !
      Gérard

      11 décembre 2021 Répondre
  4. Peeters

    Bonjour,
    Pouvez-vous aussi m’imformer des prix des differentes statues en bronze.
    Amicalement,
    René Peeters
    E-MAIL RENE.PEETERS5@TELENET.be

    10 décembre 2021 Répondre
    1. Gérard ISIRDI

      Merci pour votre intérêt, nous vous avons adressé un message mail.
      Bonnes fêtes !

      10 décembre 2021 Répondre
  5. Floren e

    Magnifique..
    Un avant goût de retourner vous dire un petit bonjour..
    Merci pour cet instant de poésie..
    Florence.

    10 décembre 2021 Répondre
    1. Gérard ISIRDI

      Merci Florence pour ce joli commentaire invitation à la poésie.
      Au plaisir de votre visite !

      11 décembre 2021 Répondre
  6. Friscia

    Bonjour nous venons d acquérir la toile de la femme au chapeau et nous en sommes ravis.Elle est superbe, évoque la classe et la féminité.Elle a trouvé sa place sur notre mur en pierre. Bravo Hugo Evelyne

    18 décembre 2023 Répondre
    1. Gérard ISIRDI

      Merci infiniment nous sommes très heureux de votre commentaire. Bonnes fêtes !

      19 décembre 2023 Répondre

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